Jeune officier savoyard de 27 ans dans l’armée sarde (la Savoie est à l’époque rattachée au royaume de Sardaigne), Xavier de Maistre est mis aux arrêts pendant 42 jours dans la citadelle de Turin pour s’être battu en duel.
Dialoguant avec lui-même, cet homme d’action se mue en un observateur attentif à tout ce qui l’entoure, meubles et objets. Parodiant avec subtilité les récits des grands voyageurs de l’époque, Xavier de Maistre entreprend de fait une véritable exploration de la chambre dans laquelle il est consigné. Avec ironie et légèreté, il trouve en ce repos forcé l’occasion d’une introspection très pince-sans-rire qui, en cette année 1794, semble bien éloignée de la fureur révolutionnaire qui se déchaîne en Europe.
Représentatif de cette aristocratie cultivée, Xavier de Maistre, émaille ses observations de nombreuses considérations, littéraires, musicales, historiques et philosophiques. Retourné à ses occupations militaires, il met de côté ce manuscrit. C’est son frère aîné, Joseph, le célèbre contre-révolutionnaire auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg, qui, de son propre chef, le fera publier l’année suivante.
Ce récit de confinement, parfois copié, n’a jamais été égalé.