Eugène Léon Édouard Torquet (1860-1918), dit John-Antoine Nau, est un poète et romancier américain, né à San Francisco, mais de langue et d’ascendance française. Il est en effet issu d’une famille de marins originaires du Havre et de Honfleur. D’ailleurs, il sera toute sa vie fasciné par la mer, et deviendra même marin au long cours.
Personnage excentrique, il participe à la vie parisienne nocturne en tant que membre de clubs et cercles avant-gardistes ou potaches, comme les « Zutistes », les « Hirsutes » ou encore les « Hydropathes ». Il débute sa carrière de bohème littéraire dans les colonnes du Chat Noir, la revue chargée d’assurer la promotion du célèbre cabaret montmartrois éponyme.
C’est en 1903 qu’il publie son premier livre, Force ennemie, qui lui vaut d’obtenir, la même année, le tout premier Prix Goncourt de l’histoire. Etrange histoire que celle narrée dans cette œuvre. Le personnage principal, Philippe Veuly, se réveille dans une maison de santé. Au fil du récit, il a le sentiment, de plus en plus fort, qu’un extraterrestre, Kmôhoûn, venu de la planète Tkoukra, prend possession de son corps, et de son esprit. Un être veule, menteur, lubrique même, et dont la volonté s’oppose à la sienne. Roman psychiatrique, roman fantastique ou roman de science-fiction ? Roman surprenant en tous les cas, qui montre que les premiers jurés du Goncourt ne manquaient pas d’audace dans leurs choix.
